
« Qui sont les peuples premiers ? Ne sont-ils que les témoins archaïques, emportés par lhistoire de ce que nous ne sommes plus, ou sont-ils les gardiens dune mémoire, dun savoir être ensemble, dont la redécouverte pourrait bien être lune des clés de notre futur ? En facilitant le dialogue entre leur vision du monde et notre modernité, entre le comment et le pourquoi, lhomme matière et lhomme esprit, peut-être pourrons-nous donner naissance à une éco-modernité, à savoir la réintégration de la modernité dans son Eikos, son milieu, et inventer ensemble un futur acceptable pour tous. Peut-être découvrirons-nous alors que leur prétendu retard est en fait la plus grande chance de survie qui soit offerte à nos sociétés modernes. »
Rencontrer les sociétés « racines », ce n'est pas faire un voyage dans le temps, c'est rencontrer un
présent différent, une autre manière « d'habiter » le monde, d'en faire l'expérience. Or sans différences
respectées et respectables, sans autre pour faire « trembler sa maison intérieure » (*), il ne peut y
avoir de communication et sans communication, comme nous le rappelle Grégory BENICHOU, il n'y a
pas de vie. Qui es tu toi, qui me renseigne sur ce « moi qui est autre » qu'évoquait Rimbaud. En quoi
et pourquoi m'es tu nécessaire pour maintenir l'équilibre de la vie ? Ce sont bien ces questions qui
peuvent présider à notre rencontre, notre dialogue avec les sociétés « racines ». Qui êtes vous ?
Quelle image pouvez vous nous renvoyer de notre société, notre identité, notre rapport au monde, au
territoire et à la nature ? De quelles différences êtes vous porteurs ? Et que pourrions nous en (ré)
apprendre ? Là ou nous avons privilégié la transformation de la matière, pour aller plus vite plus loin
et être plus efficaces, les sociétés « racines » ont préféré investir le sens, le pourquoi et le comment
vivre « mieux » ensemble ? Loin d'être archaïque, leurs sociétés sont des sociétés sans pauvres, qui
privilégient la solidarité et le lien social, sur la possession et la production de richesses. Des sociétés
qui ont toujours privilégié la communication « juste », comme condition de l'équilibre et de la paix avec
soi les autres et le monde,entendu dans sa dimension matérielle et spirituelle.
(*) René BARBIER
En ces temps de mutations incertaines, où le futur semble être porteur d'autant d'avantages que de menaces où les visions du monde se diluent et s'entrechoquent, plus que jamais il nous faut faire appel à toutes les intelligences. Alors peut être, (comme) unis dans l'action(communication) pourrons nous faire face aux grands enjeux de notre temps et imaginer ensemble un futur qui soit acceptable pour tous, êtres vivants d'aujourd'hui et de demain.
EJ
« Si tous ces peuples « premiers » sont restés si longtemps à l'écart de nos civilisations dites « de progrès », c'est qu'elles étaient sans doute en réserve, comme une mémoire.. »
Professeur Jean MALAURIE
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